Tunisie : Marwane Mabrouk, «l’autre Monsieur Gendre
Moins tapageur et moins bling-bling que Sakhr El Materi, mais pas moins influent : Marwane Mabrouk, 39 ans, est « l’autre gendre qui compte en Tunisie ». Président du Conseil d’administration d’Orange Tunisie, l’opérateur téléphonique détenteur depuis le 22 juin 2009 de la première licence universelle (fixe, mobile, et Internet 3G), cet entrepreneur multicartes est, avec ses frères Mohamed Ali et Ismaïl, à la tête de l’un des plus importants groupes familiaux du pays. Hors activités de téléphonie, le groupe Mabrouk réalise en effet plus de 500 millions d’Euros de chiffre d’affaire annuel et est présent dans la grande distribution (enseignes Monoprix et Géant), l’automobile (concessionnaire de Mercédès, Fiat, Lancia, Alfa Romeo et Mitsubishi), l’agroalimentaire, les assurances et la banque, puisqu’il contrôle la BIAT, la première banque privée tunisienne.
Originaires de Monastir, où leur aïeul aurait été un grand propriétaire terrien, mais aujourd’hui pratiquement assimilés à des beldis (des Tunisois), les Mabrouk sont d’éminents représentants de l’aristocratie d’affaires tunisienne. Marwane, le benjamin de la fratrie, a épousé en 1996 Cyrine Ben Ali, la plus jeune des trois filles que le président tunisien a eu avec sa première femme, Naïma Kéfi. Son association avec France Telecom, avec à la clé une enchère de 150 millions d’Euros et la promesse d’investir au moins 500 millions supplémentaires dans l’infrastructure réseau lui a permis d’arracher la troisième licence de téléphone. L’opération aurait du se résumer à une promenade de santé, n’eût été l’entrée en lice tardive et inattendue d’un consortium tuniso-turc emmené… par Sakhr El Materi, l’autre gendre du chef de l’Etat (cf. notre portrait daté 16 avril 2010) ! L’arbitrage final en faveur d’Orange a été interprété comme un signal en direction de la France, premier partenaire économique de la Tunisie, et aussi comme une volonté de ne pas rompre les fragiles équilibres économico-familiaux au profit d’un seul clan.
Même si officiellement la rivalité n’est pas à l’ordre du jour, les groupes Materi et Mabrouk « se marquent à la culotte », et sont en concurrence dans pratiquement tous les secteurs, de l’automobile à la banque, en passant par l’assurance et maintenant par les médias, puisque Cyrine Ben Ali Mabrouk vient d’annoncer son intention de créer une radio. Contrairement à Sakhr El Materi, entré au Parlement et au comité central RCD, Marwane Mabrouk n’a pas d’ambitions politiques déclarées. Mais ce golfeur émérite, cultivé et francophile, qui soigne son carnet d’adresses à l’international, est présenté à tort ou à raison pour un des représentants de la sensibilité libérale du régime